
Bienvenue à ce webinar Mandarin 101, animé par Marcus Détrez et Bastien Ratat.
- Marcus Détrez : entrepreneur, formateur et passionné de langues, engagé dans la transmission interculturelle.
- Bastien Ratat : ancien diplomate en Chine, polyglotte et professeur de chinois, titulaire du HSK 6.
Ensemble, nous partageons une conviction : le chinois n’est pas une langue “impossible”, mais une langue qui a sa logique propre, accessible à tous si l’on sait comment l’aborder.
👉 Objectif du webinar : montrer que le chinois peut être accessible, logique et passionnant, et donner aux participants des clés concrètes pour se lancer sans crainte.
Pourquoi apprendre le chinois ?
Apprendre le mandarin aujourd’hui, ce n’est pas seulement apprendre une langue, c’est ouvrir une porte sur le XXIe siècle.
- Poids culturel et historique : le chinois, c’est une civilisation millénaire, une philosophie influente (Confucius, Laozi), et un héritage artistique immense (peinture, poésie, calligraphie).
- Importance économique et politique : la Chine est la 2e puissance mondiale, un acteur incontournable du commerce, de la diplomatie et de l’innovation technologique.
- Une des langues les plus parlées au monde : plus d’1,4 milliard de locuteurs natifs et des millions d’apprenants partout dans le monde.
- Défi intellectuel et plaisir personnel : le chinois développe une autre manière de penser, stimule la mémoire visuelle et auditive, et offre une vraie satisfaction personnelle.
- Ouverture interculturelle : apprendre le chinois, c’est aussi mieux comprendre les codes, éviter les malentendus, et créer des liens authentiques avec les locuteurs.
👉 En résumé : le chinois n’est pas seulement une langue, c’est une clé d’accès culturelle, économique et personnelle.
Les caractères : voyage dans l’écriture
L’écriture chinoise est l’une des plus anciennes encore en usage, avec plus de 3000 ans d’histoire.
Elle ne repose pas sur un alphabet, mais sur des caractères qui racontent chacun une histoire.
Une logique visuelle
À l’origine, beaucoup de caractères étaient des pictogrammes ou des idéogrammes. Avec le temps, ils se sont stylisés, mais ils gardent encore des traces de leur sens initial.
Exemple :
看 (kàn) = regarder → composé de 手 (shǒu, main) + 目 (mù, œil) → une main placée au-dessus des yeux pour observer.
Simplifié vs traditionnel
- Caractères traditionnels : encore utilisés à Taïwan, Hong Kong, Macao. Ils gardent une complexité graphique qui reflète souvent mieux le sens originel.
- Caractères simplifiés : introduits en 1956 en Chine continentale pour faciliter l’alphabétisation. Moins de traits, plus rapides à écrire.
Exemple :
- 听 (tīng) = écouter (simplifié)
- 聽 (tīng) = écouter (traditionnel)
La logique des combinaisons
Les caractères s’assemblent comme des briques pour créer de nouveaux mots :
- 电 (diàn, électricité) + 脑 (nǎo, cerveau) = 电脑 (diànnǎo) → ordinateur
- 电 (diàn, électricité) + 视 (shì, vision) = 电视 (diànshì) → télévision
- 电 (diàn, électricité) + 话 (huà, parole) = 电话 (diànhuà) → téléphone
Exemple avec le radical 车 (chē, véhicule)
- 火车 (huǒchē) → train = “char de feu”
- 汽车 (qìchē) → voiture = “char à vapeur” (puis à essence)
- 电车 (diànchē) → tramway = “char électrique”
- 自行车 (zìxíngchē) → vélo = “char qui avance tout seul”
👉 Chaque mot est une petite histoire visuelle et logique.
Les radicaux (部首) : les briques du chinois
Les caractères chinois sont organisés autour de radicaux (部首 bùshǒu), de petits éléments récurrents qui donnent des indices de sens.
Radical du métal (钅)
Indique souvent un lien avec les métaux :
- 钱 (qián) → argent, monnaie
- 铁 (tiě) → fer
- 铜 (tóng) → cuivre
- 银 (yín) → argent (le métal)
Radical de l’eau (氵)
Toujours lié aux liquides ou à l’eau :
- 河 (hé) → rivière
- 海 (hǎi) → mer
- 湖 (hú) → lac
- 洗 (xǐ) → laver
Radical de la bouche (口)
Lié au langage, à la voix ou à ce qui entre dans la bouche :
- 喝 (hē) → boire
- 叫 (jiào) → appeler
- 唱 (chàng) → chanter
👉 Apprendre les radicaux, c’est comme apprendre les racines latines ou grecques en français : cela permet de deviner le sens des mots inconnus.
Les 4 tons du chinois
En mandarin, un même son change totalement de sens selon le ton utilisé.
C’est comme une mélodie : la hauteur de la voix donne le sens du mot.
Les 4 tons principaux
- Premier ton : haut et plat → 妈 (mā) = maman
- Deuxième ton : montant (comme une question en français “hein ?”) → 麻 (má) = chanvre
- Troisième ton : descendant puis remontant (intonation dubitative) → 马 (mǎ) = cheval
- Quatrième ton : descendant, sec et fort (comme un ordre) → 骂 (mà) = gronder
👉 Exemple contrasté :
- 买 (mǎi) = acheter
- 卖 (mài) = vendre
⚠️ Pour un francophone, la difficulté n’est pas seulement d’entendre les tons, mais aussi de les produire avec régularité.
Le pinyin
Pour faciliter l’apprentissage de la prononciation, les Chinois utilisent le pinyin, un système de transcription phonétique en alphabet latin.
- Chaque syllabe est composée d’un initiale (consonne) et d’une finale (voyelle ou groupe vocalique).
- Les tons sont indiqués par un accent sur la voyelle principale (mā, má, mǎ, mà).
- Le pinyin permet de lire et prononcer correctement les mots avant même de connaître les caractères.
Exemples :
- 北京 → Běijīng = Pékin
- 中国 → Zhōngguó = Chine
- 学生 → xuéshēng = étudiant
👉 Pour les francophones, le pinyin est un outil indispensable au départ. Mais attention : certaines lettres ne se prononcent pas comme en français (x = ch doux, q = tch, zh = dj).
Les dialectes chinois
Quand on parle du “chinois”, on pense souvent au mandarin. Mais en réalité, la Chine est un pays de grande diversité linguistique.
- Le mandarin (普通话 Pǔtōnghuà) : langue officielle, enseignée à l’école et utilisée dans l’administration et les médias. C’est la lingua franca de la Chine moderne.
- Les dialectes régionaux :
- Cantonais (广东话 Guǎngdōnghuà / 粤语 Yuèyǔ) : parlé à Hong Kong, Macao et dans le sud de la Chine.
- Shanghaïen (上海话 Shànghǎihuà) : utilisé dans la région de Shanghai.
- Sichuanais (四川话 Sìchuānhuà) : variante régionale populaire et très vivante.
- Et bien d’autres : Hokkien, Hakka, etc.
👉 La grande particularité : ces “dialectes” sont souvent mutuellement incompréhensibles. Mais tous les Chinois parlent le mandarin comme langue commune.
La grammaire chinoise : simplicité et efficacité
Là où les francophones se perdent dans les conjugaisons et les irrégularités, le chinois surprend par sa simplicité grammaticale.
Principes essentiels :
- Pas de conjugaison : le verbe ne change jamais de forme.
- Pas de genres : pas de masculin/féminin.
- Pas de pluriels complexes : souvent le contexte suffit.
Comment exprimer le temps ?
- Avec des particules et des adverbes de temps.
- Exemples :
- 了 (le) → marque une action accomplie (passé)
- 我吃了饭 (wǒ chī le fàn) → j’ai mangé.
- 将 (jiāng) / 要 (yào) → expriment le futur
- 我明天要去北京 (wǒ míngtiān yào qù Běijīng) → demain je vais aller à Pékin.
- 了 (le) → marque une action accomplie (passé)
👉 Résultat : une structure simple, directe et efficace, qui repose sur le contexte plutôt que sur de longues conjugaisons.
Apprendre le chinois peut sembler une montagne, mais c’est en réalité une langue logique et cohérente.
- L’écriture raconte une histoire, avec ses radicaux et ses combinaisons pleines de sens.
- La prononciation repose sur des tons qui transforment la langue en une véritable mélodie.
- La grammaire est étonnamment simple : pas de conjugaisons, pas de genres, pas de pièges interminables.
- Le mandarin unit un pays immense, tout en coexistant avec une richesse de dialectes régionaux.
👉 En bref : le chinois n’est pas seulement une langue à apprendre, c’est une nouvelle façon de penser et de voir le monde.
Marcus Détrez, directeur polyglotte chez SNAKKAR
Bastien Ratat, formateur de chinois chez SNAKKAR